Ceci est la retranscription des Etendues glacées, une campagne de Rogue Trader en play-by-post commencée en octobre 2013 et qui s'approche de son terme.

ATTENTION:  l'histoire est très largement basée sur l'excellent scénario The Frozen Reaches de Rogue Trader publié par Fantasy Flight Games et non traduit en français à ce jour. A ce titre, c'est un spoiler potentiel pour des joueurs qui auraient l'occasion de le faire un jour.

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Section 1

Système Inritae Spei, en bordure de la région des mondes orphelins ; 817 année du 41e millénaire

A bord du Pendragon, le technoprêtre Cogus et l’officier de renseignement Malkor finissaient d’accorder leurs conclusions sur les séances d’interrogatoires des prisonniers xénos. La salle de contrôle où ils se trouvaient n’était séparée que par une épaisse paroi transparente de la salle d’interrogation où rang après rang de tables d’opération munies de sangles renforcées retenaient de musculeux xénos à la peau verte et couturée. Les survivants parmi ces derniers braillaient de sauvages imprécations tandis qu’entre les tables, des serviteurs spéciaux aux membres remplacés par cruels équipements mécaniques ou de subtils dispositifs médicaux progressaient laborieusement.

Le capitaine Kennor tourna un regard dénué de compassion vers la cloison transparente qui les séparait des prisonniers.

Un jeune enseigne à l'uniforme impeccable avec une tablette de données sous le bras attendait Aleksander Kennor à la sortie de la chapelle des officiers du Pendragon quelques heures plus tard.

A quelques dizaines d’années lumière de là, de l’autre côté du Fléau de l’Empereur-Dieu, une tempête warp qui rend délicate la navigation dans les mondes orphelins.

Le galion stellaire Pendragon avait la taille mais pas la grâce d’un croiseur impérial. Ses formes arrondies, voir boursoufflées, décorées de statues, fresques et gargouilles souvent brisées ou marquées par le feu évoquaient davantage un riche palais marchand qui aurait été assailli par des barbares plutôt qu’un navire spatial apte au combat.

Mais les apparences sont parfois trompeuses. Le Pendragon flottait dans l’espace entourée des débris encore incandescents de ses derniers adversaires. Ces derniers aussi l’avaient fatalement sous estimé. L’un d’entre eux, réduit à l’état d’épave mais tenant encore globalement en un seul morceau, avait été pris à l’abordage lors de la vicieuse bataille de la veille. Sa structure métallique déjà disgracieuse et asymétrique avant sa défaite et sa proue blindée évoquant un gigantesque visage grimaçant trahissaient son origine xéno.

Le seigneur capitaine Kennor, seul maître à bord du Pendragon après l’Empereur-Dieu, fit irruption dans la salle. Malkor le salua promptement.
« Repos officier, votre rapport ?
- Nous avons tiré toutes les informations possibles de nos prisonniers seigneur capitaine !
- Il a fallu adapter les méthodes standard de l’Omni-messie à la physiologie de ces créatures, ajouta le technoprêtre, mais le résultat est satisfaisant à 87%.
- Ces orks, continua l’officier de renseignement, sont fraichement arrivé dans ce secteur et ne sont donc pas ceux qui attaquent vos convois seigneur. Cependant nous avons pu déterminer qu’ils se dirigent vers un rassemblement plus important qui se trouverait désormais dans le système Damaris. Damaris est un peu loin pour être la base des xénos qui nous importune, sauf s’il s’agit d’une force importante.
- D’après nos interrogatoires, j’estime qu’il est probable à 78% que cette force de xénos à Damaris s’y est déplacé récemment : dans le courant des derniers mois voir semaines, précisa le technoprêtre.
- Damaris est une colonie importante et développée seigneur capitaine. Une des rares dans les étendues de Koronus à avoir d’hors et déjà prêté serment d’allégeance à l’empire. S’il y a des orks dans ses environs il est très possible qu’ils aient des informations à leur sujet. Voir même qu’ils aient des problèmes. Mais c’est tout ce que nous avons pour le moment.
- J’ai compilé les informations secondaires ainsi que mes estimations de probabilité sur nos conclusions dans un fichier que j’ai transmis à votre sénéchal seigneur capitaine. Ai-je votre autorisation pour disposer des prisonniers et stériliser la salle d’opération ? » Conclut le technoprêtre.
Section 2
-Vous l'avez. Après cela, Cogus, prenez une équipe de technoprêtres et allez inspecter la soute de l'épave du vaisseau Ork. Peut-être trouverez-vous dans leurs butins quelque chose d'utile qu'il n'auront pas bricolé...
-Oui Seigneur.
-Prenez une escorte. Il peut rester des peaux-vertes à bord.
Si Cogus étaient dérangé par l'idée de faire l'inventaire d'une soute Ork -et de devoir poser ses yeux sur leurs affreux bricolages, véritables insultes à l'Omnimessie- il n'en laissa rien paraître.
Aleksander Kennor sortit de la salle d'interrogatoire et se dirigea, pensif, vers la salle des trophées. Cette histoire le dérangeait plus qu'elle ne l'aurait du et il avait besoin d'un peu de calme après la veille.
Comme toujours, la vision des trésors accumulés depuis le retour du Pendragon consolida son assurance dès qu'il posa un pied dans la salle. Près de l'entrée, deux nouveaux objets avaient pris place: une boîte reliée à d'innombrables câbles et portant un énorme bouton rouge, et une casquette surdimensionnée débordant de dorures mal assorties, semblant parodier celle d'un capitaine de la Flotte Impériale. Il y a moins de seize heure, la première trônait au milieu de la passerelle du vaisseau Ork, et la seconde était sur la tête d'un Ork de près de trois mètres de haut.
Le capitaine Kennor s'autorisa un sourire cruel en se remémorant la chute du "kapitaine" peau-verte.
Ce sourire disparut vite. Un rassemblement d'Orks dans le secteur pouvait être une très mauvaise nouvelle. Cela pouvait signifier qu'un chef Ork était en train de surmonter les habituelles divisions des peaux-vertes - et l'Empereur seul savait ce qui serait nécessaire pour arrêter des Orks unis. Svard, le nouveau bastion de la famille Kennor, symbole de sa reconstruction, serait menacé.
Le capitaine soupira, sortit de la salle et remonta vers la passerelle par le réseau d'ascenseurs.
-Le capitaine sur la passerelle! annonça le garde à l'entrée.
-Rien de nouveau à signaler capitaine, rapporta le second Liana Keese. Nous maintenons notre position vis-a-vis de l'épave.
-Très bien, fit Kennor en reprenant sa place sur le trône de commandement. Appelez-moi l'astropathe et le navigateur.
L'astropathe en chef Furieh arriva le premier.
-J'ai plusieurs messages à transmettre. Tout d'abord, à Svard. Qu'ils nous transmettent toutes les informations qu'ils pourraient recueillir de la part de vaisseau qui seraient passés par Damaris ou ses environs récemment - particulièrement sur une présence xéno. Que Svard avertisse les éventuels vaisseaux qui iraient dans cette direction, qu'ils ouvrent l'oeil... Ensuite, envoyez un message au relais astropathique de Damaris. Dites-leur que nous avons eu connaissance d'une présence xéno près d'eux en demandez-leur s'ils les ont détectés. Enfin, tenez le Lumen au courant de la situation.
Il se tourna vers le vieux navigateur Fourrasius qui venait d'arriver.
-Navigateur, je veux une estimation du temps de trajet d'ici à Damaris. En attendant... Second, nous restons près de l'épave le temps que Cogus finisse son inspection, s'il reste des peaux-vertes dans ce système, elles auront détecté la bataille et arriveront bientôt. A vous le vaisseau.
Le capitaine Kennor sortit et se dirigea vers la chapelle de bord pour prier et demander le conseil de l'Empereur. Sur le chemin, il laissa un mot pour la tour astropathique, demandant à Furieh de venir en salle de réunion pour procéder à une divination une fois qu'il aurait fini d'envoyer les messages.
Section 3
« Seigneur capitaine ! Lança t’il en saluant, vos ordres ont été exécutés. Je dois cependant vous signaler que le maître astropahte Furieh estime qu’il y a moins d’une chance sur deux que notre message soit passé jusqu’à Damaris. Apparemment, le Fléau de l’Empereur-Dieu serait particulièrement agité et rendrait les communications difficiles dans cette direction. Par contre, le navigateur Fourasius a consulté les augures et vous fait savoir qu’un trajet jusqu’à Damaris en contournant prudemment cette tempête warp ne prendrait que deux semaines. Pour finir nous avons tout juste reçu un rapport astropathique provenant de notre base à Svard mais qui ne contenait pas de nouvelles informations concernant des activités xénos. »

Section 4



Le Megbizka, un modeste cargo de classe Loki voyageait prudemment dans l’immaterium. Son champ de Geller maintenait une bulle de réalité et de sanité autour du vaisseau, le protégeant des influences néfastes de cette dimension parallèle que les navires impériaux utilisaient pour voyager plus vite que la lumière.
Sur sa passerelle, le libre marchand Varzil Vörösmarty regrettait désormais depuis plusieurs heures d’avoir pris par habitude un quart sur la passerelle. Depuis le trône surélevé du capitaine il balaya du regard les instruments et écrans holographiques disposés sur la passerelle qui n’affichaient rien d’intéressant : Le vaisseau fonctionnait normalement et, au dehors, le warp restait inscrutable pour les augures technologiques du vaisseau.
Ces derniers mois, le Megbizka était occupé à une tournée d’inspection des possessions dont le libre marchand avait reçu la concession en guise de réparation de la part de sa sœur suite à une délicate affaire de famille. Les soutes du vaisseau étaient actuellement bien remplies d’échantillons de matériaux, de plantes, d’animaux xénos et d’artisanat destinés à attirer l’attention d’investisseurs impériaux et à aider pour choisir où des efforts de développement devraient être concentrés. Ce tour galactique du nouveau propriétaire touchait désormais à sa fin après avoir emmené le Megbizka assez loin dans le sens lévogyre des étendues de Koronus.
Le seigneur commodore Varzil, perdu dans ses pensées, pris soudain conscience qu’une astropathe novice du chœur de communication télépathique astrale du vaisseau s’était silencieusement approchée de lui et attendait au pied du trône de commandement. La capuche de sa robe de novice dissimulait presque complètement le bandeau qui couvrait ses yeux. Le capitaine tourna ostensiblement son attention sur elle, l’invitant à parler :
« Seigneur commodore, pardonnez moi de vous interrompre mais nous venons de capter un très faible message astropathique portant le sceau d’urgence impérial. Le maître astropathe m’a chargé de vous le transmettre sans délai. »
Là-dessus, l’astropathe se mit à déclamer sur un ton monocorde le message en question en respectant le formalisme officiel :
« Message d’urgence ; origine de la transmission : planète Damaris ; destinataire : projection large sans destinataire ; auteur : l’honorable seigneur Belkan Kapak, 20e héritier du trône de Damaris, gouverneur de Damaris et Lion des Hautes Terres.
Début du message : A l’adresse de tous vaisseaux impériaux ou libres marchand à portée. En qualité de loyal sujet de sa très Sainte Majesté l’Empereur-Dieu de l’Humanité, moi, le gouverneur Kapak, requiert assistance et soutien de tout les sujets loyaux à l’empereur face à la menace xéno que constitue les orks.
Damaris se prépare à résister à une invasion imminente par les immondes peau-vertes qui s’amassent en dehors du système. Nous demandons assistance sous toutes les formes possibles : vaisseaux, ressources, hommes, armes et expertise afin de nous permettre de défendre un des mondes de l’Empereur contre les déprédations de cette horde impure.
Dans sa grande prévoyance magnanime, le gouverneur Kapak promet de récompenser toute aide par les richesses de sa planète. Sachez que Damaris est une planète riche et saura récompenser ses alliés avec générosité. Fin du message. »
Image

Dans le Warp

Section 5

Sur la passerelle du Megbizka (http://grooveshark.com/s/Smoke+N+Oakum/4LWWNe?src=5)

*Le mémo du sénéchal Ohlrik ne se fit pas attendre, comme à l'accoutumé :*

Note adressée au Seigneur Varsil Vorosmarty, après réception du message de détresse

Note KC00D12T13C14 - correctif 1.

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En qualité de Sénéchal et d'intendant, il est de mon devoir de rappeler Monseigneur Vorosmarty que la participation du Megbizka à une intervention militaire contre une force xénos de force inconnue se heurte aux obstacles suivants :
1) Un vaisseau insuffisamment rapide et maniable pour participer à un combat spatial dans des conditions optimales.
2) Un blindage inférieur à celui que devrait posséder un croiseur (ou un équivalent xénos) pour un tel engagement.
3) Un arsenal xénos dont nous connaissons mal les effets et pour lequel l'équipage est insuffisamment formé.
4) La récupération d'unités mécanisées (blindés) ne nous garantit pas un avantage dans un affrontement terrestre, attendu qu'aucun équipage n'a été formé à l'utilisation, ni même à la maintenance de ces engins.
5) Une connaissance insuffisante des ressources et des méthodes de combat de l'ennemi gobelinoïde.
J'en arrive donc aux recommandations suivantes :
1) Renoncer à une intervention à court terme, peu/pas profitable commercialement, ou
2) Préparer une intervention conjointe faisant appel à des forces locales connues et disponibles.
3) Dans tous les cas, planifier un entrainement accéléré des équipages au nouvel arsenal xénos, et une formation complète à des équipages nouvellement désignés pour l'emploi de l'arme blindée.
4) Dans tous les cas, mettre en place une commission d'étude et de collecte des informations d'archives sur les invasions gobelinoïdes du secteur concerné.
Ces recommandations feront l'objet d'un exposé aux membres du Conseil du Megbizka à la prochaine session plénière.
Colonel Tarjan Ohlrik
Sénéchal du Megbizka


A l'attention du Seigneur Varsil Vorosmarty.
De l'état de préparation de nos forces terrestres.
Selon vos ordres, et suite à la réunion du conseil du mois dernier, j'ai plannifié un programme complet d'entrainement et de formation :
- Equipages et réservistes aptes à la maitrise d'un char de type Leman Russ Mk2 (conduite, armements polyvalents, transmission),
- Personnel d'entretien et armuriers pour la maintenance de la mécaniques et des armements des blindés.
- Organisation des forces en 2 compagnies :
o Compagnie 1 - le Poing de l'Empereur : 10 chars LR Mk2 répartis en 3 escadrons de 3 chars et un LR de Commandement.
o Compagnie 2 - la Griffe de l'Empereur : 10 Chimères réparties en 3 escadrons de 3 Chimères et une Chimère de Commandement.
- Accélération du programme d'entrainement de nos unités d'infanterie : 100 hommes regroupés en 1 compagnie (Furor Imperialis), soit 8 pelotons d'infanterie, un peloton d'intendance et une escouade de commandement .
Je me charge personnellement de superviser la préparations de ces forces terrestres.
Pour l'Empereur !




Image

leman russ blueprint by nocturne41 http://www.deviantart.com/art/leman-russ-blueprint-100751539

Section 6

Que faire, s’interrogea le seigneur-capitaine, pardon, le seigneur-commodore Varzil.
*Nos soutes sont chargées de riches cargaisons et nous n’avons pas encore fait la jonction avec l’Eurus, comme il était prévu après son tour de prospection commerciale. Il serait très risqué commercialement de se lancer dans une opération militaire dans ces conditions.
Mais il s’agit peut-être là d’une opportunité pour obtenir des concessions sur Damaris, si elle est réellement si riche que son gouverneur le prétend…
Déjà, nous allons relayer ce message d’assistance, signaler réception à Damaris et tenter de contacter d’autres navires qui feraient route vers cette planète. Il faut aussi prévenir l’

Mais il s’agit peut-être là d’une opportunité pour obtenir des concessions sur Damaris, si elle est réellement si riche que son gouverneur le prétend…
Déjà, nous allons relayer ce message d’assistance, signaler réception à Damaris et tenter de contacter d’autres navires qui feraient route vers cette planète. Il faut aussi prévenir l’Eurus et, idéalement, trouver un lieu pour faire relâche et mettre la cargaison en lieu sûr.*
-Novice, voici les messages à transmettre à notre officier astropathique :
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Appuyant sur un bouton de la console com’, Varzil informa son capitaine de la nouvelle et lui demandant de préparer troupe, équipage et navire pour une possible altercation avec les peaux-vertes dans les semaines à venir.
-Prévenez aussi notre navigateur et le maître canonnier. Je veux en outre un rapport de l’Adeptus mecanicus sur l’armement xéno et son appropriation.
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*Il faut aussi que j’organise avec Ohlrik des recherches dans le librarium sur ce que nous avons quant aux « ressources et méthodes de combat de l'ennemi gobelinoïde », comme il le dit.*
Pour une fois, ma présence à ce quart aura servi à quelque chose, marmonna Varzil.
Section 7
A bord du Pendragon, système Inritae Spei
Deux heures plus tard
Le Seigneur-Capitaine Kennor faisait un gros effort pour rester impassible et dissimuler sa déception. Il attarda une dernière fois son regard sur les cartes du tarot de l'Empereur disposée devant l'astropathe Furieh. Ses orbites vides et noires ne trahissaient aucune émotion. Le reste de l'état-major du Pendragon détournait le regard, attendant que le capitaine prenne la parole. Le second Keese dissimulait à la perfection la moue sardonique qui lui venait à la bouche; ce n'était toutefois un secret pour personne dans la pièce qu'elle n'accordait aucun crédit à ce processus de décision.
La tentative de divination n'avait révélé que des incertitudes. Aleksander Kennor se demanda une fois de plus s'il avait bien fait de laisser certains membres de son état-major, parmi les plus compétents, à bord du Lumen. Certes le vaisseau fraîchement acquis avait besoin d'être géré au mieux, le temps que son équipage de bleusailles prenne ses marques, mais le capitaine du Pendragon avait bien besoin des visions prophétiques de l'astropathe Shannon.
-Ce sera tout. Vous pouvez disposer.
Les Orks. Une flotte complète peut-être. La situation était désagréablement familière. Mais au fond, la décision était déjà prise.
Une heure plus tard
-Capitaine, annonça l'enseigne, le technoprêtre Cogus est rentré avec quelques objets récupérés dans l'épave qu'il souhaite examiner plus longuement. Il n'est toutefois "optimiste qu'à 14%" sur la possibilité qu'ils aient une valeur quelconque.
-Très bien. Tout le monde est rentré?
-Affirmatif capitaine.
Du haut du trône de commandement, le capitaine Kennor contempla la passerelle du vaisseau au repos, et commença à donner ses ordres.
-En avant toute. Dès que nous aurons pris du champ par rapport à l'épave, nous virerons vers l'extérieur du système. Navigateur, préparation d'une route pour le système Damaris. Astropathe, transmettez notre destination à Svard et au Lumen.
Le Pendragon s'ébranla pesamment et tourna le dos à la lointaine lueur de la géante bleue qui trônait au centre du système.

Section 8

De retour dans sa cabine, après avoir transmis au planton une note adressée à son Seigneur Varzil, le Sénéchal Ohlrik sortit d'une étagère un ouvrage relié de cuir, daté et numéroté. S'asseyant à son bureau il souffla sur le volume, soulevant un nuage de poussière, l'ouvrit et commença à le feuilleter.
Les mémoires manuscrites du "Colonel" représentaient une somme de connaissances militaires amassées au cours d'une carrière courte mais bien remplie. S'y trouvaient recensées des procédures proposées par l'officier de renseignement qu'il était à l'époque, conernant l'adaptation des forces planétaires en fonction de l'ennemi combattu. Chronologiquement et méthodiquement, Ohlrik avait recensé les données sur les forces en présence de nombreuses batailles sur les mondes ou il avait été affecté, les ressources engagées, les stratégies employées par les Maitres de Guerre.
L'ouvrage contenait aussi des informations, collectées par ses agents et lui-même, parfois au péril de leur vie, sur "l'Envahisseur Xénos" : particularités anthropologiques, us et coutumes, tactiques de combat, gestion du moral, armement et soutien.
La main prothétique d'Ohlrik glissa sur le papier jauni jusqu'à la représentation crayonnée d'un gobelinoïde de grande taille, représenté à l'échelle à côté d'un de ses congénères moins imposant. L'immense Ork n'était assurément pas un chef, malgré sa carrure démesurée : pas d'armes de tir, pas de hache ni de pince articulée, mais seulement ce grand baton tordu, orné d'une grossière tête de sanglier métallique rouillée. Ses hardes étaient couvertes de symboles cabalistiques obscurs. Et ses yeux... ses yeux rouges s'animaient d'un éclat sombre, jamais vu jusqu'alors.
Ohlrik se souvint alors de la douleur qu'il avait ressenti face à l'Autre à ce moment précis, de sa tête prête à éclater alors que ses proches serviteurs étaient restés concentrés sur leurs lunettes d'observation... Il n'avait rien dit alors. L'officier médecin l'avait soigné pour une banale céphalée imputable aux armes chimiques employées les jours précédents.
Informer le Seigneur Varzil, assurément, il le fallait.
Mais avait-il besoin de TOUTES ces informations ?
Le Colonel Ohlrik se lança alors dans une synthèse des données en sa possession, sans rentrer dans les détails...

Section 9

Cela faisait plus d'une heure que le sénéchal Ohlrik conduisait son exposé sur la menace orkoïde devant le conseil du Megbizka. La salle de commandement était encombrée de grimoires, de cartes, d'artefact xénos et de projection holographiques que le sénéchal utilisait pour illustrer ses propos.
"... Et donc, expliquait-il, un guerrier ork mature conserve 83% de sa combativité lorsqu'il perd un de ses membres. Suivez mon conseil et visez la tête pour l'abattre pour de bon."
Le sénéchal se retourna alors vers une grande carte des étendues de Koronus et poursuivit: "Passons désormais aux considérations stratégiques. Vous devez avoir bien conscience que les orks ne vivent que pour le conflit. Ceci est vrai à l'échelle de l'individu mais aussi pour l'ensemble de ce qui leur sert de société. S'il y a bien des orks à Damaris ils viennent pour se battre. Nous n'avons malheureusement pas d'informations détaillées et récentes sur Damaris dans les annales du vaisseau mais cette planète est connue pour avoir été colonisée il y a prêt de cinq siècles et être une des planètes les plus développées de toutes les étendues de Koronus. Je suis certain que la colonie ne serait pas en grand danger s'il ne s'agissait que d'une incursion limitée de pillards orks et elle n'aurait donc pas envoyé un message d'urgence. Donc j'en déduis que la menace peaux-verte doit être de grande envergure et à mon sens il ne peut y avoir qu'une raison à cela...
Vous devez savoir que les grands mouvements d'orks obéissent à une logique assez simple. Les orks cherchent instinctivement à se rassembler en grand nombre et se battent entre eux jusqu'à ce qu'un chef de guerre émerge du chaos et conduise les orks dans une sorte de parodie d'une sainte croisade. Les rumeurs prétendent qu'au cœur des étendues de Koronus, dans les domaines maudits au delà de Cinerus Maleficum, une grande horde d'orks se rassemble. Je suis convaincu que cette menace qui plane sur Damaris est soit une force d'ork qui fait route vers le rassemblement soit une sorte d'avant garde qui en vient.
Ces grandes invasions orks sont rares car les orks mettent longtemps à atteindre leur masse critique mais elles ne sont pas à prendre à la légère. Il est facile de sous estimer des xénos qui paraissent si frustres et peu sophistiqués. Mais leur potentiel guerrier est considérable. La dernière a avoir eu lieu dans les étendues de Koronus était en l'an 422 du 41e millénaire. Les orks avaient surgi jusqu'à travers la Gueule et dans le secteur Calixis et ils ont assiégé Port l'Errance pendant des années avant d'être défaits. Je pense cependant que nous assistons ici à une attaque de bien moindre envergure car sinon nous aurions reçu d'autres rapports de rencontre massive avec des orks.
J'ai bien conscience que je ne peux qu'esquisser un spectre assez large du danger qui pèse sur Damaris, mais une chose est certaine. Si nous y allons, la prudence s'impose. Il est quasiment certain que nous ne pourrons pas agir juste avec nos propres moyens sans courir de grands risques et qu'il faudra peser soigneusement nos décisions en fonction de l'équilibre des forces en présence. Après tout il est peu probable que nous soyons les seuls à avoir reçu l'appel à assistance du gouverneur local."

Section 10

Pendant ce temps, dans une des cellules de la spire de télépathie astrale du Megbizka, l'astropathe novice Lilandra, accroupie sur son lit, portait sur une tablette de données une synthèse des récentes communications reçues.
Les dix dernières heures avaient été éprouvante. Servir dans une spire de communication astropathique n'avait rien d'une sinécure en particulier lorsque le vaisseau qui la portait était plongé dans l'immaterium. Et pour ne rien arranger, pendant que les astropathes du Megbizka ouvraient leurs esprits aux étoiles pour envoyer et recevoir des messages, l'activité furieuse du Fléau de l'Empereur-Dieu faisait un bruit de fond que l'on pouvait plus adéquatement décrire comme les hurlements frénétiques d'une créature démente.
Lilandra pouvait encore entendre résonner dans sa tête ce fracas d'outre monde, accompagné d'une douleur lancinante. Mais une dernière tâche attendait la novice avant de pouvoir goûte à un repos bien mérité: L'archivage des messages de la session.
Les points marquant étaient un message de l'Eurus indiquant qu'il estimait pouvoir rejoindre Damaris en trois semaines de voyage s'il en recevait l'ordre ainsi qu'un autre venant d'un vaisseau libre marchand nommé le Fatum Ordinatus qui se portait déjà à l'assistance de Damaris. Et bien entendu le plus important: Un message astropathique venant de Damaris même dans lequel le gouverneur remerciait profusément le seigneur Vörösmarty d'avoir entendu sa requête et insistait sur l'urgence de l'assistance dont il avait besoin car les xénos étaient censés se masser dans le système 035-1D4-3Y et leur prochaine destination ne faisait aucun doute aux yeux du gouverneur: Damaris.

Et c'est ainsi que, séparés par des années lumières et motivés par des raisons différentes, le Megbizka et le Pendragon mirent cependant tout deux le cap sur Damaris et sur leur destin.


La suite dans le chapitre 1.