Cela fait un moment que je réfléchis à la question, même si c’est sans passer à l’action. Plusieurs angles me paraissent importants pour faire venir de nouveaux joueurs, ou faire revenir d’anciens rôlistes :
Pour toucher de nouveaux joueurs, sortir des sentiers battus (médiéval fantastique, univers geek, voyage du héros, combat, etc.) et développer de nouveaux thèmes me semble utile. Si les polars, les comédies romantiques ou le sport ont tant de succès dans les romans, à la TV ou dans le jeu vidéo, pourquoi ne pas investir aussi ces domaines ? Il y a quelques initiatives, mais elles sont encore rares : Magistrats & manigances (genre du policier historique chinois), Breaking the ice (romance), World Wide Wrestling (catch).

Un autre moyen est peut-être de décloisonner le jeu de rôle sur table et établir des passerelles avec les autres membres de la famille du JDR (grandeur nature, wargame, RPG vidéo, etc.), mais aussi avec le jeu de plateau qui se développe formidablement en ce moment. On voit d’ailleurs des mécanismes du JDR adoptés par ces jeux : principe de coopération (Pandémie), de jeu asymétrique avec parfois une sorte de meneur de jeu (Descent, Mysterium), univers D&Desque (Descent, Welcome to the dungeon), mode campagne (Gloomhaven) et création de scénario et de personnages (Zombicide).

On peut même aller plus loin et injecter le JDR dans des domaines qui semblent très éloignés, mais qui permettraient de toucher un tout nouveau public. C'est le cas par exemple avec Baltic warriors qui mêlent GN viking et campagne de sensibilisation sur l'environnement de la Mer baltique ou du théâtre vivant dans des festivals non rôlistes.

En outre, pour réveiller les “rôlistes zombies”* qui ont abandonné un loisir devenu incompatible avec leur vie (vie familiale, professionnelle, manque de temps pour préparer, pour jouer, manque de joueurs), l’innovation en matière de format est crucial. Le  jeu en one shot mono-partie en moins de deux heures, voire de moins d’une heure, est beaucoup plus accessible que la campagne au long cours de 12 mois et plus avec des parties de 6-8 heures. Le JDR sans MJ et/ou sans préparation résout le problème de l’absence de ce rôle ou du refus de son engagement considéré comme trop important.

Une autre solution me semblait être l’utilisation de licences bien connues du grand public, mais outre leur problèmes économiques pour un si petit secteur, les exemples d’adaptation d’univers de bande dessinée, de film ou de jeu vidéo en jeu de rôle n’ont semble-t-il pas connu de réel succès.

Enfin, une porte d’entrée majeure paraît être le jeu dématérialisé par table virtuelle, qui rassemble facilement néo-rôlistes et rôlistes zombies, et la diffusion vidéo de parties, en live ou non, à destination principale des joueurs ou d’un public, comme Aventures de Mahyar.

 

*Rôlistes zombies :  personne ayant pratiqué le jeu de rôle sur table dans sa vie mais l’ayant abandonné depuis, plus ou moins complètement (lecture de jeu, pratique sous forme d’autres médias possibles), voire ayant pratiqué un autre membre de la famille JDR (RPG vidéo, grandeur nature, storygame, wargame fantastiques, etc.).