La romance comme ressort dramatique

De la romance dans le jeu, d'accord, mais pour quoi faire ? Créer une relation amoureuse PJ-PNJ, parmi les relations, au sein du background d’un personnage, est un bon moyen de créer par la suite une motivation pour impliquer ledit personnage dans des aventures. C’est le classique (super-)héros qui sauve sa petite amie enlevée par le méchant savant fou ou empoisonnée par la méchante sorcière ou contaminée par les méchants extraterrestres…
 

La capture de Jeanne d’Arc, par Alexandre Dillens
Oh, non ! Ma fiancée a (encore) été capturée par l’armée ennemie !

Apocalypse World, par exemple, encourage à créer des relations PJ-PNJ-PJ pour montrer des facettes différentes d’un PNJ (envers celui qu’il aime et celui qu’il ignore/déteste) et augmenter l’immersion dans l’univers, puis faire des crasses aux personnages (quand le PNJ est salement blessé, quand il trahit…).

Exemples de situation dramatique :

  • •    La mariée en fuite (la princesse Léïa ?) ;
  • •    Les amants maudits (Roméo et Juliette) ;
  • •    La petite amie enlevée (Mary Jane et Spiderman) ;
  • •    L’amant-traître/qui n’est pas ce qu’il dit être (la fée Mélusine et Raymondin) ;
  • •    L’amour interdit par les conventions sociales, la morale, la religion, la loi (Tristan et Iseult, Lancelot et Geneviève) ;
  • •    L’amour à sens unique (Madame Butterfly).

La romance comme récompense

C’est un moyen de récompenser les personnages en leur apportant rang, influence, richesses et bonus tout en ajoutant un lien entre les scénarios (l’alliée, le ressort dramatique).

C’est le classique chevalier qui sauve la princesse, obtiens sa main du roi « …et ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». C’est aussi l’amour qui pousse le héros à se dépasser en hurlant « Adrieeeeeeeeeeenne ! », cette complicité qui assure à Hercule et Xéna de se battre comme un(e) seul(e) homme/femme (modélisé par exemple par un aspect Hercule/Xéna et moi, unis comme les doigts de la main).

La romance comme dynamique intra-groupe

Deux (ou trois) personnages liés par des relations amoureuses PJ-PJ, si possible compliquées (triangle amoureux, amour/rejet, amour platonique ou secret…) est un classique des dramas et donc un bon outil pour créer des intrigues personnelles indépendantes du MJ, une dynamique de groupe et des occasions de role play.
 
C’est le cas par exemple des entrecroisés de Yan Solo et de la princesse Léïa (modélisés par exemple par les clefs de relation dans Lady Blackbird).

La romance comme réservoir à PJ ou jeu à cohorte

C’est aussi un bon moyen de justifier l’arrivée d’un nouveau PJ connaissant déjà bien les autres personnages car étant l’amant/l’enfant de l’un d’entre eux. PJ 1 est mort, mais son frère, PJ 2, reprendra le flambeau (et le vengera).

La romance comme intrigue et motivation des PNJ

Une histoire d’amour, heureuse ou malheureuse, est aussi une bonne justification des agissements d’un PNJ envers d’autres PNJ ou envers un PJ : sympathie, dévouement, haine, folie, désir de vengeance, compromission, trahison… Cette relation rend le PNJ plus crédible, plus vivant et facilite son interprétation, car il lui donne un objectif clair.
 

Le laboratoire par John Collier
Le Doge est bien embêté : le secret du feu grégeois a été volé. Votre mission : récupérer la formule de cette arme secrète et éliminer tous ceux qui la connaissent.

La romance comme obstacle au jeu de groupe ?

Pour certains, les histoires d’amour ne servent à rien en jeu et, pire, monopolise le MJ pour des mièvreries. Est-ce différent du voleur qui fait ses coups en douce dans son coin avec le MJ ? De l’érudit qui veut passer des heures à faire des recherches dans la bibliothèque du moindre bourg ? Du guerrier qui passe son temps à chercher des noises à tout le monde ? Du marchand qui ne laisse jamais passer une occasion de négocier ? Pas vraiment, et les façons de circonvenir ces abus sont applicables aux questions de romance.

La suite : Comment jouer la romance (et plus si affinité) ?