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Tag - Romance

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Retour sur Courtesans : a roleplaying game of Sex and Society

Courtesans : a roleplaying game of Sex and Society

Quoi que c'est ?

Courtesans : a roleplaying game of Sex and Society de Ian Warner

Vous en avez entendu parler où pour la première fois ?

Par hasard, en faisant des recherches sur l’influence des femmes et les intrigues à la cour.

Achat compulsif, impulsif ou réfléchi ?

Impulsif, vu le titre et la couverture peu attractifs. Par pure curiosité et en espérant trouver de la matière pour mes réflexions sur la romance en JDR et pour mettre une dose d’intrigue dans ma campagne « militaire ».

Vous pensiez trouver quoi ?

J’avais peur de trouver un truc archétypal et racoleur, ou encore un jeu érotique à utiliser avec sa moitié. En dehors de ça, je ne savais pas trop, j’espérais trouver des choses sur les courtisanes au sens noble du terme et des pistes d’intrigues.

Vous avez trouvé quoi ?

Pas ce que je craignais, hormis quelques illustrations de nue.

Déjà, l’écriture : il y a une légère touche de « role play » du narrateur, qui s’adresse de temps en temps au lecteur comme le ferait la Tenancière (le personnage du MJ, car il en a un(e)) à de vrais « demi-mondaines ». Cela rend la lecture vivante, voire amusante, sans nuire à la compréhension du jeu, la présentation restant assez conventionnelle pour un JDR.

Ensuite, le contenu. J’ai été surpris de voir le degré de précision, de développement de la vie d’une courtisane dans la période 1600-1910, avec différents archétypes (de la parvenue à la dame déchue), deux niveaux de jeu (trouver et exploiter des « admirateurs » et interagir avec les autres courtisanes en leur jouant des sales coups ou en leur venant en aide). Ah, oui, tous les joueurs jouent des femmes qui sont réunies dans une sorte de maison close tenue par la Tenancière du MJ (une courtisane créée comme les autres mais vieillie de 7 ans).

Cette Tenancière, d’ailleurs, est à la fois un PNJ qui aide les PJ-courtisanes, un aimant à emmerdes (si la tenancière ne peut plus financer la maison close par exemple), une entremetteuse pour les pauv’ filles ne trouvant pas d’admirateur à cette saison, et un moyen pour le MJ de jouer. D’ailleurs, les PJ-courtisanes peuvent aussi lui faire des coups de pute…

 

Old man beguiled by courtesans, by Lucas Cranach.

Du coté technique, les perso sont assez simples avec un archétype appelé Origine (parvenue jurant comme une charretière, professionnelle du sexe, actrice, dame déchue suite à la misère ou au scandale, cœur-d’or façon gentille marraine et gramme de tendresse dans un monde de pute et intrigante ambitieuse), 6 statistiques (Manière pour briller en société et rester maître de soi, Fiel pour insinuer et faire des coups de pute, Prouesse pour briller au lit, Charme pour séduire et faire plaisir, Astuce pour comprendre les tenants et les aboutissants et pour intriguer, Performance pour briller dans les arts et sur scène) dans lesquelles ont réparti 18 points de création, et 5 ressources (Légende, Réputation, Richesse, Influence et Scandale) dans lesquelles on distribue 12 points.

Pour finir, la maisonnée ou le bordel, c’est selon, établi le diagramme des relations entre les personnages, en se basant notamment sur les Origines de chacune.

Le jeu :

Les actions : Attirer des admirateurs, Plaire à l’admirateur, Intriguer pour faire des coups de putes à ses Sœurs (le terme PJ dans Courtisanes) et Aider une sœur. La bienséance fait que même chez les catins on n’en vient pas aux mains, donc pas de règle de baston, contrairement à ce que j’avais trouvé à mon grand étonnement dans Lycéennes (où il y a des règles détaillées de baston mais rien au-delà de « vous n’avez qu’à jouer » pour tout ce qui était amourette, désespoir, jalousie, etc. pourtant au centre du genre émulé, à savoir les shojo).

Chaque type d’action peut être entreprise de différentes façons : Monter sur scène, participer à des galas de charité, etc. pour Attirer des admirateurs ; de la Conversation polie à l’Acte sexuel pour Plaire à l’admirateur ; etc.

Pour réaliser un conflit, on jette 1D6 (voir 2D6*), on ajoute la statistique correspondante (par exemple Performance si l’on Monte sur scène, une des techniques pour Attirer des admirateurs) contre le D6 de la tenancière + la Flexibilité de l’admirateur (sa seule caractéristique) ou la difficulté de l’action. Si l’on fait plus, la Sœur triomphe et gagne des points de ressources en fonction de son action (+1 en Légende et +1 en Réputation en Montant sur scène par exemple.

*Chaque archétype a une statistique forte et une stat faible. Avec la première, on jette 2D6 et on prend le meilleur. Avec l’autre, on prend le plus faible.

Courtesan and old man, by Lucas Cranach,

Les aventures

Les scénarios, appelés Saisons, sont très calibrés : on suit 10 phases en fonction de l’initiative de Sœurs qui dépend de leur origine, les plus futées jouant en dernier donc après avoir vue ce qu’on fait els autres ce qui leur permet de réagir au mieux. Ces phases sont :

·         Attraction gratuite, pour gagner des admirateurs sans coût ;

·         Lettres d’introduction (des admirateurs, révélant plus ou moins ce qu’ils sont et donc ce qu’ils peuvent apporter à la courtisane) et correspondances personnelles puis jet de « scrutage » pour lire entre les lignes ;

·         Puis 7 tours constitués de 2 actions chacun, avec certains pré-requis (on ne passe pas de la Conversation polie à l’Acte sexuel, désolé pour la fausse joie). A chaque action, les jauges des 5 ressources évoluent et l’on note les occasions de conception d’enfant…

·         Pour finir, le « Cyprian Ball » où les courtisanes Choisissent leur Admirateur pour la soirée, font leur Entrée, Dansent, éventuellement volent l’Admirateur d’une autre Sœur (hou la vilaine !) et terminent dans la Débauche ! Les courtisanes voient leurs ressources évoluent en fonction de leur Admirateur (Flexibilité, rang social, type d’admirateur) et du succès/échec de leurs actions.

Enfin, la saison se termine par les tests de grossesse et de devenir des enfants, l’apprentissage des courtisanes et les questions de vie quotidienne : dette, contrat avec la Tenancière, vieillesse, retraite et mort. C’est à ça que servent les ressources si durement gagnées.

A noter que le jeu semble bien adapter au play-by-post, notamment avec ses lettres d’introduction et sa séquence « fin de saison ». Il y a d’ailleurs une section PBP et une section « LARP » (GN)…

Couverture du roman Courtesans: Money, Sex and Fame in the Nineteenth Century de K. Hickman

Allez-vous vous en servir ?

Au début, j’aurais dit non, mais après lecture, j’avoue être intrigué et je tenterai bien l’expérience un jour pour une partie si je trouve des joueurs dans le même trip.

 

Romance et JDR III - Comment jouer la romance (et plus si affinité) ?

Comment jouer la romance (et plus si affinité) ?

Si le thème de l'amour est utilisé de multiple façon pour tisser des intrigues dans le jeu, il peut aussi provoquer des crises au sein de la table de jeu.

Les lignes et les voiles

Les joueurs peuvent être mal-à-l’aise ou tout simplement insupportés par certains thèmes, ils peuvent avoir eu une expérience récente ou ancienne difficile et ne souhaitent pas la voir rappelée. La romance (et le sexe) sont donc potentiellement des cordes sensibles.

Par ailleurs, les joueurs peuvent douter des intentions de ceux dont les personnages sont impliqués dans la romance : Me drague-t-elle/il vraiment ? Comprend-elle/il bien qu’il ne s’agit que de role play, pas d’avance ? Est-ce que je n’ai pas l’air homo/salope, là ? Comment va réagir ma/mon copine/copain ? Est-ce qu’elle/il me trompe dans le jeu ? Est-ce une façon de me harceler ?

Pour éviter de créer des malentendus, une ambiance gênante ou pire, il vaut mieux se mettre d’accord à l’avance sur la présence de romance, voire de sexualité dans le jeu, sur la façon dont elle pourra être exprimée. A défaut, aborder ces questions dès qu’elles sont soulevées.

Quelques questions à poser :

  • •    Peut-il y avoir des histoires de cœur ?
  • •    Peut-il y avoir du sexe ?
  • •    Ces relations peuvent-elles être entre PNJ, PJ et PNJ, entre PJ ?
  • •    Les relations doivent-elles être strictement hétéro ou peuvent-elles glisser vers l’homosexualité, la bisexualité ? Doivent-elles être « normales » ou les déviances (comme la violence) sont acceptées ?
  • •    Ce type de scène doit-il être résolu en tête-à-tête avec le MJ ou devant tout le groupe ?
  • •    Les descriptions doivent-elles êtres juste évoquée ou peuvent-elles être plus détaillées ?
  • •    Aborde-t-on la question de la grossesse ?
  • •    Etc.

La conquête par Edmund Blair Leighton
Les femmes peuvent-elles être des prises de guerre dans votre jeu ? Jusqu'à quel point leur dégradation peut-elle être évoquée ?

Tout ceci doit rejoindre le contrat social des joueurs. Les lignes sont la séparation entre ce que l’on peut évoquer et ce que l’on n’évoque pas ; les voiles sont le degré de détails accepté jusqu’au moment où l’on tire un voile pudique sur ce qui se passe et ne concerne au final plus que les personnages et non plus les joueurs.

Dans How to get laid in every RPG session, la joueuse incarnant un homme érotomane avait ainsi déclaré dès le début que son personnage était bisexuel et qu’il mettrait tous les personnages (pas les joueurs !) dans son lit, et bien entendu tous les PNJ. C’était clair, les joueurs avaient l’opportunité de contester (lignes) ou mettre des limites (voiles) dès le départ. Cela c’est donc bien passé.

Dans What’s Love Got To Do With It, Part II: Bringing In The Lovin’ , Connie Thomson propose un classement de l’intensité CSA-style :

PG: Some flirting and kissing occur, but they’re pretty tame. Sex happens, but it’s acknowledged more than it’s detailed (“The rogue and the cleric disappear from the ball for a while, and when they return, appear flushed and breathless”). Romance has only a bit part in the game. Most gamers I’ve encountered have no issues with this level of intensity.

PG-13: Romance becomes more adventurous, and plays a supporting role. There’s more detail, more openness, more nudity.

R (or higher): Pretty much anything goes. The characters are sexual, sensual creatures and romance is definitely a key member of the ensemble cast of your game, if not one of the leads.

Puis un style de jeu:

Passive: All romantic play is discussed OOC (“My character asks the guard if he would like to come to the tavern for an ale after his shift”) or through passing notes to the GM. This style works great in groups where the players are a little shy, or struggle a bit with interactive roleplaying.

Involved: The romance is played out IC (“You must be hot, stuck in that armor all day. Can I buy you an ale after your shift?”) to a certain point, then the scene “fades to black”. This style works well in most groups I’ve gamed with, because it’s very fluid and adaptable, and you can adjust it within the group to suit each player. It also gives some great roleplaying opportunities.

RP Everything: Every bit of the romance is played out IC. Every bit. Kisses are described in detail. Marriage vows are recited. The bedroom door could just as well be wide open. This style of play is clearly not for every group, though it can work well in a one-on-one private session, or with a small group of people who are very comfortable with each other. But depending on how emotional or sexy things get, this can be awkward for even the best of roleplayers. Also, in a large gaming group, a drawn-out scene between just two or three characters leaves the rest of the players bored and feeling left out. In my experience, I’ve found this style works best in a PbP game, where the players aren’t actually face-to-face.

On joue, là, c’est sérieux

Autre risque : la bouffonnerie. Difficile d’ouvrir son cœur à sa bien-aimée fictive lorsque autour de la table ricanements et vannes graveleuses jaillissent en continue. Difficile d’incarner son ambassadeur galactique cherchant à arrêter la guerre quand les scènes de mièvreries se succèdent et se ressemblent.

Si les thèmes de la romance et de la sexualité sont acceptés, il faut aussi se mettre d’accord sur la façon dont l’on veut les utiliser, que ce soit sur le mode de la détente et de la rigolade ou sur celui de l’immersion et du drame. Sans cela, grande sont les chances de déception…

Si l’option immersion et drame est choisie, on peut jouer les différentes phases d’une histoire d’amour : le coup de foudre et l’ouverture, le flirt, la cour, la déclaration, l’engagement, les ennuis et déceptions, le sexe, les enfants, le deuil.

Pour se ménager, instaurer une distanciation réconfortante, on joue à la troisième personne. Pour favoriser l’immersion, on opte la première personne. Puis, plutôt que d’annoncer de but en blanc « Tu tombes amoureux de », on peut raconter les sensations ressenties : palpitation excessive et arythmique du cœur, respiration accélérée, sensation de bouffée de chaleur et rougeur, joie & sourire ou tristesse irrépressible, énervement, ressentiment et colère envers un être jalousé, incapacité à réagir, pulsion, mains moites, balbutiement, etc. En restant dans le floue du subjectif, du sensitif, on émule les hésitements, les doutes de l’amour.

La romance, et après ? Sexe, mariage, enfant et deuil

 

Merlin emportant le jeune Arthur par N.C. Wyeth
Un enfant, et le déjà les emmerdes…

Jouer l’amour pour jouer l’amour, ça peut être un peu stérile. Il faut que la romance, comme les autres intrigues d’une aventure, évolue. On peut par exemple utiliser un aspect évolutif à la Fate pour marquer cette progression en fonction des succès et échecs des scènes de romance ou de celles qui l’impactent (enlèvement, compromission…) :

  • •    l’attraction (Jehanne est mignonne) ;
  • •    La reconnaissance (J’aime Jehanne la Folle) ;
  • •    La cours et la déclaration (Tout pour les yeux de Jehanne) ;
  • •    Le sexe (censuré) ;
  • •    Le mariage, avec l’accord de la famille/du seigneur, des autorités civiles/religieuses, la signature des papiers du divorce par l’ex, la cérémonie accomplie jusqu’au bout, etc. (Jusqu’à ce que la mort nous sépare) ;
  • •    Les déceptions et épreuves (Cocu) ;
  • •    La progéniture et la (belle) famille (Mon fils, mon sang, Une famille embarrassante). Certains jeux utilisent abondement les implications familiales : Ambre, Pendragon, Trône de fer ?
  • •    L’adultère, le divorce, le deuil (Je me/te vengerai, Jehanne !).

La suite: La romance dans le système

Romance et JDR II - Pourquoi mettre de la romance dans votre jeu ?

 La romance comme ressort dramatique

De la romance dans le jeu, d'accord, mais pour quoi faire ? Créer une relation amoureuse PJ-PNJ, parmi les relations, au sein du background d’un personnage, est un bon moyen de créer par la suite une motivation pour impliquer ledit personnage dans des aventures. C’est le classique (super-)héros qui sauve sa petite amie enlevée par le méchant savant fou ou empoisonnée par la méchante sorcière ou contaminée par les méchants extraterrestres…
 

La capture de Jeanne d’Arc, par Alexandre Dillens
Oh, non ! Ma fiancée a (encore) été capturée par l’armée ennemie !

Apocalypse World, par exemple, encourage à créer des relations PJ-PNJ-PJ pour montrer des facettes différentes d’un PNJ (envers celui qu’il aime et celui qu’il ignore/déteste) et augmenter l’immersion dans l’univers, puis faire des crasses aux personnages (quand le PNJ est salement blessé, quand il trahit…).

Exemples de situation dramatique :

  • •    La mariée en fuite (la princesse Léïa ?) ;
  • •    Les amants maudits (Roméo et Juliette) ;
  • •    La petite amie enlevée (Mary Jane et Spiderman) ;
  • •    L’amant-traître/qui n’est pas ce qu’il dit être (la fée Mélusine et Raymondin) ;
  • •    L’amour interdit par les conventions sociales, la morale, la religion, la loi (Tristan et Iseult, Lancelot et Geneviève) ;
  • •    L’amour à sens unique (Madame Butterfly).

La romance comme récompense

C’est un moyen de récompenser les personnages en leur apportant rang, influence, richesses et bonus tout en ajoutant un lien entre les scénarios (l’alliée, le ressort dramatique).

C’est le classique chevalier qui sauve la princesse, obtiens sa main du roi « …et ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». C’est aussi l’amour qui pousse le héros à se dépasser en hurlant « Adrieeeeeeeeeeenne ! », cette complicité qui assure à Hercule et Xéna de se battre comme un(e) seul(e) homme/femme (modélisé par exemple par un aspect Hercule/Xéna et moi, unis comme les doigts de la main).

La romance comme dynamique intra-groupe

Deux (ou trois) personnages liés par des relations amoureuses PJ-PJ, si possible compliquées (triangle amoureux, amour/rejet, amour platonique ou secret…) est un classique des dramas et donc un bon outil pour créer des intrigues personnelles indépendantes du MJ, une dynamique de groupe et des occasions de role play.
 
C’est le cas par exemple des entrecroisés de Yan Solo et de la princesse Léïa (modélisés par exemple par les clefs de relation dans Lady Blackbird).

La romance comme réservoir à PJ ou jeu à cohorte

C’est aussi un bon moyen de justifier l’arrivée d’un nouveau PJ connaissant déjà bien les autres personnages car étant l’amant/l’enfant de l’un d’entre eux. PJ 1 est mort, mais son frère, PJ 2, reprendra le flambeau (et le vengera).

La romance comme intrigue et motivation des PNJ

Une histoire d’amour, heureuse ou malheureuse, est aussi une bonne justification des agissements d’un PNJ envers d’autres PNJ ou envers un PJ : sympathie, dévouement, haine, folie, désir de vengeance, compromission, trahison… Cette relation rend le PNJ plus crédible, plus vivant et facilite son interprétation, car il lui donne un objectif clair.
 

Le laboratoire par John Collier
Le Doge est bien embêté : le secret du feu grégeois a été volé. Votre mission : récupérer la formule de cette arme secrète et éliminer tous ceux qui la connaissent.

La romance comme obstacle au jeu de groupe ?

Pour certains, les histoires d’amour ne servent à rien en jeu et, pire, monopolise le MJ pour des mièvreries. Est-ce différent du voleur qui fait ses coups en douce dans son coin avec le MJ ? De l’érudit qui veut passer des heures à faire des recherches dans la bibliothèque du moindre bourg ? Du guerrier qui passe son temps à chercher des noises à tout le monde ? Du marchand qui ne laisse jamais passer une occasion de négocier ? Pas vraiment, et les façons de circonvenir ces abus sont applicables aux questions de romance.

La suite : Comment jouer la romance (et plus si affinité) ?

Romance et JDR - partie I

The End of The Song par Edmund Blair Leighton, domaine public.
(Une galerie de tableaux sur la romance)


Deux expériences de JDR récentes m’ont poussé à m’intéresser au traitement de la romance et de la sexualité dans le jeu de rôle. La première fut lors d’un scénario de Chtulhu-like où nous jouions des enfants. Nous avons assisté à l’enlèvement d’enfants par des trolls la nuit de noël et, lors de leur sauvetage, le MJ nous a décrit les traces de leur viol par ces trolls. J’ai trouvé ça dérangeant, déplacé et en total décalage avec le ton utilisé jusque-là dans les parties, qui tenaient plus de Scoubidou que de Chtulhu.

La deuxième fut à Rogue Trader, lorsque j’ai décidé que mon personnage, un seigneur libre-marchand, s’éprendrait d’une autre libre-marchande (PNJ) dans un contexte de dernier carré planétaire face à une croisade Ork et de devoir familial. Cette idée commencée comme une blague s’est transformée en scène de cours et s’est achevée par une confession sur l’oreiller et la peur du seigneur voyant sa bien-aimée partir au devant du danger Ork. Là, c’était crédible, sensible et dans le ton, avec une plus-value à l’immersion, à l’accroche du personnage dans l’histoire et aux possibilités scénaristique du MJ.

Dans un cas de figure, la sexualité a été imposée, décrite inutilement, et m’a pris par surprise. Dans l’autre, c’était un choix du PJ, d’abord proposé puis adopté, avec une scène mêlant séduction soft et diplomatie sans lien (mais concernant les autres joueurs) se terminant par un voile/ellipse pudique et apportant des ressorts dramatiques à l’histoire.

Fanart de Serendipity (Dragon Age 2) par naiadestricolor
Une Elfe troublante ou un Elfe troublant ?

A côté de cela, en tant que MJ, j’ai fait un coup qui aurait pu être mal pris. Lors d’une rencontre, les personnages de mes joueurs ont rencontré une elfe puissante et très sensuelle. Ni une ni deux, le troubadour lui a fait la cour et fut invité sans trop de difficulté dans son lit. Là, j’ai emmené le joueur à l’écart pour lui révéler le pot-aux-roses sur le ton de la rigolade pour détendre l’atmosphère : cette belle personne était un homme (comme son personnage). Marchant sur des œufs, je lui ai demandé s’il voulait poursuivre, il a dit ok, et on a tiré un voile pudique sur la nuit d’ébats qui a suivi. Le lendemain, le nain et mage beau-parleur a tenté sa chance, bien qu’il ait perçu le subterfuge. Hélas (?), il ne gagna pas le droit de faire un tour de manège. Le défilé en quelques jours des nombreux amants des deux sexes au côté de l’elfe fut une réponse sans équivoque sur le futur de leur relation.

Jusque là, notre groupe n’avait jamais vraiment abordé ou discuté ces questions, nous nous contentions de dire que nos perso allait aux putes le soir dans les auberges, à lancer quelques vannes graveleuse, à faire un test de séduction pour obtenir ce que nous voulions et à marquer éventuellement dans nos historiques que nous avions eu le cœur brisé. Je ne savais donc pas trop comment mon PNJ et ses actions allait être reçu par les joueurs.

L’amour et la sexualité sont dans toutes les relations humaines, donc il serait étrange de les exclure de la vie de nos personnages. Toutefois, chacun vit ses moments intimes différemment, et ce qui peut passer au cinéma ou dans un roman lorsque l’on est que spectateur (et encore…) s’aborde différemment dans un jeu où l’on incarne un personnage en interaction avec d’autres personnages-joueurs, que l’on ne connait parfois que par ce loisir. Il convient donc de prendre certaines précautions, mais il serait dommage de faire l’impasse sur la romance.

Des jeux prédisposés à la romance ?

Des jeux comme Vampire ou Changeling, dans des univers que certains qualifient volontiers de bit-lit (bite-littérature, ou littérature mordante, avec ces ados ou adultes voluptueux flirtant, avec des vampires, des loups-garous, des succubes), sont plus prédisposés à être le lieu de scènes de romance que d’autres. 

Il en est de même pour les jeux qui émulent des relations familiales complexes, comme Ambre ou peut-être le Trône de fer, ou un mode de vie basé sur l’amour courtois comme dans Pendragon. Château Falkenstein encourage d’ailleurs à la création de personnage à décrire dans son journal intime/feuille de perso sa vie sentimentale et son objectif amoureux, l’amour insoluble étant un élément primordial des aventures romantiques de l’ère victorienne.

D’autres jeux, enfin, sont spécifiquement dédiés à la question : Blue Rose, Breaking the ice, S/Lay W/Me, Romance érotique, My Supernatural Romance
 
Apocalypse World et son monde post-apo a ses sex moves, signes d’un relâchement des mœurs, ou du moins une banalisation de l’acte sexuel, dans un monde dévasté.

Mais tout jeu peut en théorie accueillir ce type de scène. Après tout, tous les films américains, qu’ils soient d’action, d’horreur ou de comédie, ne le font-ils pas ?

La suite: Pourquoi mettre de la romance dans votre jeu ?

Ressources: Romance et JDR

Ressources sur la romance dans le JDR

"Lamia" (Red girl and knight) (c) John William Waterhouse, Wikimedia Commons


Qu’est-ce qui pousse dans les champs de pamplemousses ?, L'art de la table.

Love and Sex in the Ninth World via. In the attic.

Matters of the Heart: Running Romances. Gnome Stew.

Le jeu de rôle à deux Breaking the ice.

Le jeu de rôle à deux Romance érotique. In the attic.

Le jeu de rôle romance Blue rose et son système True20 en SRD.

La trilogie Sexuality and the Geek Week de Delphine dans Geekmom/Wired:
Sexuality and the Geek Week: Mature Games for Mature Players? Sex & Romance in RPG

Sexuality and the Geek Week: Sex & Romance in RPG (Part Two)
Sexuality and the Geek Week: Sex & Romance in RPG (Part Three)