Te Deum pour un massacre, un jeu de rôle historique français réédité sous la forme d’un beau coffret.

Le patrimoine et la promotion du jeu de rôle sont importants. Pour moi, pour le loisir. Plus particulièrement pour le jeu de rôle (sur table) francophone.


Pourquoi francophone et pas simplement français ? Parce que la francophonie existe que les frontières sont devenues poreuses et que les échanges d’auteurs, d’éditeur et de jeux entre la France, la Belgique wallonne, la Suisse romande, le Québec canadien, et peut-être même le Liban, l’Afrique du Nord et de l’Ouest, sont fréquents et féconds.


Après tout, cela fait 40 ans que le jeu de rôle s’est implanté en France (1977 pour les plus anciennes traces répertoriées). Mais quarante ans de quoi ? Qu’est devenu le JDR dans le monde francophone ? S’est-il émancipé du géniteur américain ? A-t-il produit des œuvres remarquables ? A-t-il eu du succès ? A-t-il été reconnu, par ses pairs comme par le grand public ? Quelles traces laissera-t-il ?

Things from the flood, un livre d’art de Simon Stalenhag, illustrateur du jeu suédois Tales from the Loop.


C’est pour ces raisons que je pense à un “beau livre”.

Les Norvégiens ont produit Norwegian style en 2009, une belle anthologie de jeu de rôle “à la norvégienne” qu’ils ont traduit en anglais. Les pratiquants du jeu de rôle grandeur nature de la tradition nordique l’ont fait en 2010 avec le Nordic Larp Book (traduit aussi en anglais et récompensé par le Diana Jones award. Les adeptes anglo-saxons du jeu de rôle vidéo sont en train de le faire avec le CRPG Book Project.

Le Nordic Larp Book, avec une double page illustrant l’un des GN nordique fondateur de cette tradition (Trenne Byar).

Norwegian style, an anthology of norwegian roleplaying games.

Double page du CRPG Book consacrée au jeu Ultima VII


Pourquoi pas les francophones ? Avec une version en anglais, qui plus est, pour rayonner dans le monde ?


Pour cela, il faudrait commencer par identifier les jeux de rôles francophones significatifs de ces 40 ans. Ces jeux seraient des “classiques”, mais aussi des des jalons qui n’ont peut-être pas laissé une trace en tant que jeu mais qui ont influencé le “style francophone”, qui ont été des passages obligés dans son évolution ou qui ont représenté à un moment un épitome.

En outre, cette identification des classiques du JDR francophone serait pratique pour conserver et promouvoir ce JDR, en constituant une inspiration pour les bibliothèques et ludothèques qui voudraient se constituer un fond, un indicateur des jeux à mettre en avant sur l’encyclopédie du jeu de rôle (le Guide du rôliste galactique “GRoG”) ou sur Wikipédia, ou d’autres valorisations (réédition au format imprimé ou numérique, best of, anthologie…), etc.


Le livre pourrait donc contenir quelques pages pour chacun de ces jeux, les présentant, analysant les raisons qui les rendent importants, apportant des témoignages des auteurs, des joueurs (PJ et MJ), montrant comment se les procurer, etc.

Il pourrait aussi contenir des essais sur l’existence d’une “école francophone du JDR”, sur les débuts et l’histoire du jeu de rôle en France et dans les pays francophones, sur les jeux et les classiques de demain, sur la scène indépendante ou encore sur les spécificités francophones des cousins du JDR sur table : storygame (si on les exclut du JDR...), GN, cosplay, forum RP

Personnages-acteurs et théâtre au cœur de la trame narrative (L’Agonie du Poète) par J. Epis, in Le GN romanesque sur Électro-GN.


Pour illustrer un tel ouvrage, on ne pourra pas employer des photos comme pour le Nordic Larp Book, le JDR étant bien moins photogénique que le GN. En revanche, les couvertures des jeux français ont souvent été plus belles que leurs homologues américains, et le public rôliste a été très friands des écrans, plus que les rôlistes anglo-saxons. Ces illustrations pourraient donc fortement contribuer à faire de l’ouvrage un “beau livre”.


Ambre, et les oniriques illustrations de Florence Magnin pour la version française (à droite).

La cinquième édition de l’Appel de Cthulhu, avec une illustration de Caza pour la version française (à droite).

Écran de Te deum pour un massacre illustré par R. Barthélémy.



La réflexion est déjà lancé sur le forum Casus No, que ce soit par moi ou d'autres membres de la communauté :