Si je me place par rapport à ce que je peux trouver dans ce qui n'est pas du jeu de rôle, je peux dire que ce qui me plait dans cette activité dans son ensemble.


Tout d’abord, les jeux de rôles sont des jeux où il n’y a pas de perdant, ce qui est la première raison qui m’a amené à me plonger dans ces jeux. En effet, je suis un horrible mauvais perdant, je le sais, je ne peux m’en empêcher et j’ai horreur d’infliger ce spectacle à mes amis. Ma stratégie était alors : ne jouer qu’à des jeux où je suis sûr de gagner ou ne pas jouer. J’étais conscient que ce n’était pas idéal, loin de là, mais c’était alors ma seule solution.

Quand j’ai découvert le jeu de rôle à l’âge de 13 ans, ce fut une libération : je pouvais jouer à des jeux, ce que j’adorais, et être sûr de ne pas perdre. Il y aurait eu à cette époque des jeux coopératifs (qui furent pour moi une autre révolution dans les années 2000), peut-être que je n’aurais jamais pratiqué le JDR avec tant de passion.

Car ce que je cherchais dans les jeux de sociétés, comme ce que je cherche dans les “jeux sportifs”, ce n'est pas la confrontation aux autres (ou à soi-même), la compétition, la recherche de la gagne, mais la sociabilité ainsi que la capacité à voyager dans des mondes imaginaires à travers des histoires. Bref, ce sont les valeurs que l’on retrouvait dans les jeux traditionnels plutôt que dans les jeux modernes (apparus à partir du XIXe siècle) -et le sport- qui m'intéressent, à savoir la sociabilisation de la pratique, la primauté de la situation sur la règle, la temporalité festive, la convivialité, le ludisme, etc.


L’autre fascination qu’exerce sur moi le JDR est liée à cette capacité à vivre des histoires, à vivres dans des mondes fantasmés ou des fictions passionnantes. En tant qu’explorateur acharné des mondes de l’imaginaire (ou tout simplement de l’histoire romanesque) à travers la bande dessinée, les romans, les animes, les films, les séries ou tout simplement mon imagination, je rêvais de vivre à la place des héros de ces fictions, de parcourir l’espace intersidéral, d’explorer des temples aztèques, de dévaliser des trains d’or, de parcourir les sept mers ou la route de la soie.

Et voilà que je découvre le jeu de rôle Star wars et que je peux enfin vivre, non, plus activement, agir dans cette lointaine galaxie il y a très, très longtemps. Wow ! J’ai été mordu de suite, et je me suis empressé d’acheter le JDR des Terres du milieu lorsque je l’ai vu, peu de temps après avoir dévoré Bilbo le Hobbit et le Seigneur des anneaux.


Peu à peu, au fur et à mesure que je comprends comment je fonctionne, quels sont mes goûts, je redéfinis les domaines du JDR qui me plaisent véritablement, et je réalise pourquoi, plus que je ne le croyais, le jeu de rôle est fait pour moi.


Cela nourrit par exemple l’écrivain frustré qui est en moi. Je n’ai pas la patience d’écrire un roman, mais je peux faire quelque chose de proche qui comble cette envie : créer un récit, une histoire, que ce soit avant de jouer (si jamais c'est joué...) lors de la création d’un scénario, d’une campagne, d’un univers de bac à sable, ou bien après la partie la partie sous la forme d’un compte-rendu, du récit du point de vue de mon personnage ou d’un narrateur-MJ.

C’est ainsi que j’ai créé plusieurs blogs de campagne sur mes aventures dans les mondes futuristes de Star wars et Shadowrun, les mondes fantastiques d’Earthdawn, de Warhammer, d’un Japon fantasmé ou d’un XVIIe siècle ésotérique


Le jeu de rôle me permet aussi d’exprimer certains aspects de ma personnalité comme le fait d’agir pour un groupe et non pour ma pomme (le groupe de PJ, une compagnie de mercenaires, un équipage de vaisseau spatial, etc.), pour une cause supérieure (qui peut être de rétablir la République comme de protéger une ville), le jeu pour le jeu et non pour la performance, etc. C’est aussi un moyen d’expérimenter ou d’approfondir des comportements, des relations sociales et des thèmes qui ne me sont pas familiers : jouer un enfant, jouer une femme dans une société patriarcale, jouer un homosexuel dans une société dynastique, jouer la relation mentor-disciple ou garde du corps-protégé, jouer avec la religion, jouer un méchant, etc.


Le jeu de rôle est aussi un fil directeur qui m’aiguille hors des sentiers battus, dans des domaines que je ne soupçonne pas : l’Histoire (la guerre des ondes, le mercenariat à la Renaissance, etc.), la religion, la littérature (les genre du steampunk, du super-héros, du cyberpunk, du cape et d’épée, etc.), la culture, les sciences sociales, etc.


C’est enfin mon moyen de s’amuser avec les copains, de vivre des moments intenses, de vibrer au diapason avec eux et d’entretenir le lien depuis plus de 20 ans.