Ceci est la retranscription des Etendues glacées, une campagne de Rogue Trader en play-by-post commencée en octobre 2013 et qui s'approche de son terme.
ATTENTION: l'histoire est très largement basée sur l'excellent scénario The Frozen Reaches de Rogue Trader publié par Fantasy Flight Games et non traduit en français à ce jour. A ce titre, c'est un spoiler potentiel pour des joueurs qui auraient l'occasion de le faire un jour.
--
Section 1
Système Inritae Spei, en bordure de la région des mondes orphelins ; 817 année du 41e millénaire
A bord du Pendragon, le technoprêtre Cogus et l’officier de renseignement Malkor finissaient d’accorder leurs conclusions sur les séances d’interrogatoires des prisonniers xénos. La salle de contrôle où ils se trouvaient n’était séparée que par une épaisse paroi transparente de la salle d’interrogation où rang après rang de tables d’opération munies de sangles renforcées retenaient de musculeux xénos à la peau verte et couturée. Les survivants parmi ces derniers braillaient de sauvages imprécations tandis qu’entre les tables, des serviteurs spéciaux aux membres remplacés par cruels équipements mécaniques ou de subtils dispositifs médicaux progressaient laborieusement.
Le capitaine Kennor tourna un regard dénué de compassion vers la cloison transparente qui les séparait des prisonniers.
Un jeune enseigne à l'uniforme impeccable avec une tablette de données sous le bras attendait Aleksander Kennor à la sortie de la chapelle des officiers du Pendragon quelques heures plus tard.
A quelques dizaines d’années lumière de là, de l’autre côté du Fléau de l’Empereur-Dieu, une tempête warp qui rend délicate la navigation dans les mondes orphelins.
Le galion stellaire Pendragon
avait la taille mais pas la grâce d’un croiseur impérial. Ses formes
arrondies, voir boursoufflées, décorées de statues, fresques et
gargouilles souvent brisées ou marquées par le feu évoquaient davantage
un riche palais marchand qui aurait été assailli par des barbares plutôt
qu’un navire spatial apte au combat.
Mais les apparences sont parfois trompeuses. Le
Pendragon
flottait dans l’espace entourée des débris encore incandescents de ses
derniers adversaires. Ces derniers aussi l’avaient fatalement sous
estimé. L’un d’entre eux, réduit à l’état d’épave mais tenant encore
globalement en un seul morceau, avait été pris à l’abordage lors de la
vicieuse bataille de la veille. Sa structure métallique déjà
disgracieuse et asymétrique avant sa défaite et sa proue blindée
évoquant un gigantesque visage grimaçant trahissaient son origine xéno.
Le seigneur capitaine Kennor, seul maître à bord du
Pendragon après l’Empereur-Dieu, fit irruption dans la salle. Malkor le salua promptement.
« Repos officier, votre rapport ?
- Nous avons tiré toutes les informations possibles de nos prisonniers seigneur capitaine !
-
Il a fallu adapter les méthodes standard de l’Omni-messie à la
physiologie de ces créatures, ajouta le technoprêtre, mais le résultat
est satisfaisant à 87%.
- Ces orks, continua l’officier de
renseignement, sont fraichement arrivé dans ce secteur et ne sont donc
pas ceux qui attaquent vos convois seigneur. Cependant nous avons pu
déterminer qu’ils se dirigent vers un rassemblement plus important qui
se trouverait désormais dans le système Damaris. Damaris est un peu loin
pour être la base des xénos qui nous importune, sauf s’il s’agit d’une
force importante.
- D’après nos interrogatoires, j’estime qu’il
est probable à 78% que cette force de xénos à Damaris s’y est déplacé
récemment : dans le courant des derniers mois voir semaines, précisa le
technoprêtre.
- Damaris est une colonie importante et développée
seigneur capitaine. Une des rares dans les étendues de Koronus à avoir
d’hors et déjà prêté serment d’allégeance à l’empire. S’il y a des orks
dans ses environs il est très possible qu’ils aient des informations à
leur sujet. Voir même qu’ils aient des problèmes. Mais c’est tout ce que
nous avons pour le moment.
- J’ai compilé les informations
secondaires ainsi que mes estimations de probabilité sur nos conclusions
dans un fichier que j’ai transmis à votre sénéchal seigneur capitaine.
Ai-je votre autorisation pour disposer des prisonniers et stériliser la
salle d’opération ? » Conclut le technoprêtre.
Section 2
-Vous
l'avez. Après cela, Cogus, prenez une équipe de technoprêtres et allez
inspecter la soute de l'épave du vaisseau Ork. Peut-être trouverez-vous
dans leurs butins quelque chose d'utile qu'il n'auront pas bricolé...
-Oui Seigneur.
-Prenez une escorte. Il peut rester des peaux-vertes à bord.
Si
Cogus étaient dérangé par l'idée de faire l'inventaire d'une soute Ork
-et de devoir poser ses yeux sur leurs affreux bricolages, véritables
insultes à l'Omnimessie- il n'en laissa rien paraître.
Aleksander
Kennor sortit de la salle d'interrogatoire et se dirigea, pensif, vers
la salle des trophées. Cette histoire le dérangeait plus qu'elle ne
l'aurait du et il avait besoin d'un peu de calme après la veille.
Comme toujours, la vision des trésors accumulés depuis le retour du
Pendragon
consolida son assurance dès qu'il posa un pied dans la salle. Près de
l'entrée, deux nouveaux objets avaient pris place: une boîte reliée à
d'innombrables câbles et portant un énorme bouton rouge, et une
casquette surdimensionnée débordant de dorures mal assorties, semblant
parodier celle d'un capitaine de la Flotte Impériale. Il y a moins de
seize heure, la première trônait au milieu de la passerelle du vaisseau
Ork, et la seconde était sur la tête d'un Ork de près de trois mètres de
haut.
Le capitaine Kennor s'autorisa un sourire cruel en se remémorant la chute du "kapitaine" peau-verte.
Ce
sourire disparut vite. Un rassemblement d'Orks dans le secteur pouvait
être une très mauvaise nouvelle. Cela pouvait signifier qu'un chef Ork
était en train de surmonter les habituelles divisions des peaux-vertes -
et l'Empereur seul savait ce qui serait nécessaire pour arrêter des
Orks unis. Svard, le nouveau bastion de la famille Kennor, symbole de sa
reconstruction, serait menacé.
Le capitaine soupira, sortit de la salle et remonta vers la passerelle par le réseau d'ascenseurs.
-Le capitaine sur la passerelle! annonça le garde à l'entrée.
-Rien de nouveau à signaler capitaine, rapporta le second Liana Keese. Nous maintenons notre position vis-a-vis de l'épave.
-Très bien, fit Kennor en reprenant sa place sur le trône de commandement. Appelez-moi l'astropathe et le navigateur.
L'astropathe en chef Furieh arriva le premier.
-J'ai
plusieurs messages à transmettre. Tout d'abord, à Svard. Qu'ils nous
transmettent toutes les informations qu'ils pourraient recueillir de la
part de vaisseau qui seraient passés par Damaris ou ses environs
récemment - particulièrement sur une présence xéno. Que Svard avertisse
les éventuels vaisseaux qui iraient dans cette direction, qu'ils ouvrent
l'oeil... Ensuite, envoyez un message au relais astropathique de
Damaris. Dites-leur que nous avons eu connaissance d'une présence xéno
près d'eux en demandez-leur s'ils les ont détectés. Enfin, tenez le
Lumen au courant de la situation.
Il se tourna vers le vieux navigateur Fourrasius qui venait d'arriver.
-Navigateur,
je veux une estimation du temps de trajet d'ici à Damaris. En
attendant... Second, nous restons près de l'épave le temps que Cogus
finisse son inspection, s'il reste des peaux-vertes dans ce système,
elles auront détecté la bataille et arriveront bientôt. A vous le
vaisseau.
Le capitaine Kennor sortit et se dirigea vers la
chapelle de bord pour prier et demander le conseil de l'Empereur. Sur le
chemin, il laissa un mot pour la tour astropathique, demandant à Furieh
de venir en salle de réunion pour procéder à une divination une fois
qu'il aurait fini d'envoyer les messages.
Section 3
«
Seigneur capitaine ! Lança t’il en saluant, vos ordres ont été
exécutés. Je dois cependant vous signaler que le maître astropahte
Furieh estime qu’il y a moins d’une chance sur deux que notre message
soit passé jusqu’à Damaris. Apparemment, le Fléau de l’Empereur-Dieu
serait particulièrement agité et rendrait les communications difficiles
dans cette direction. Par contre, le navigateur Fourasius a consulté les
augures et vous fait savoir qu’un trajet jusqu’à Damaris en contournant
prudemment cette tempête warp ne prendrait que deux semaines. Pour
finir nous avons tout juste reçu un rapport astropathique provenant de
notre base à Svard mais qui ne contenait pas de nouvelles informations
concernant des activités xénos. »
Section 4
Le
Megbizka,
un modeste cargo de classe Loki voyageait prudemment dans l’immaterium.
Son champ de Geller maintenait une bulle de réalité et de sanité autour
du vaisseau, le protégeant des influences néfastes de cette dimension
parallèle que les navires impériaux utilisaient pour voyager plus vite
que la lumière.
Sur sa passerelle, le libre marchand
Varzil
Vörösmarty regrettait désormais depuis plusieurs heures d’avoir pris par
habitude un quart sur la passerelle. Depuis le trône surélevé du
capitaine il balaya du regard les instruments et écrans holographiques
disposés sur la passerelle qui n’affichaient rien d’intéressant : Le
vaisseau fonctionnait normalement et, au dehors, le warp restait
inscrutable pour les augures technologiques du vaisseau.
Ces derniers mois, le
Megbizka
était occupé à une tournée d’inspection des possessions dont le libre
marchand avait reçu la concession en guise de réparation de la part de
sa sœur suite à une délicate affaire de famille. Les soutes du vaisseau
étaient actuellement bien remplies d’échantillons de matériaux, de
plantes, d’animaux xénos et d’artisanat destinés à attirer l’attention
d’investisseurs impériaux et à aider pour choisir où des efforts de
développement devraient être concentrés. Ce tour galactique du nouveau
propriétaire touchait désormais à sa fin après avoir emmené le
Megbizka assez loin dans le sens lévogyre des étendues de Koronus.
Le
seigneur commodore Varzil, perdu dans ses pensées, pris soudain
conscience qu’une astropathe novice du chœur de communication
télépathique astrale du vaisseau s’était silencieusement approchée de
lui et attendait au pied du trône de commandement. La capuche de sa robe
de novice dissimulait presque complètement le bandeau qui couvrait ses
yeux. Le capitaine tourna ostensiblement son attention sur elle,
l’invitant à parler :
« Seigneur commodore, pardonnez moi de vous
interrompre mais nous venons de capter un très faible message
astropathique portant le sceau d’urgence impérial. Le maître astropathe
m’a chargé de vous le transmettre sans délai. »
Là-dessus, l’astropathe se mit à déclamer sur un ton monocorde le message en question en respectant le formalisme officiel :
«
Message d’urgence ; origine de la transmission : planète Damaris ;
destinataire : projection large sans destinataire ; auteur : l’honorable
seigneur Belkan Kapak, 20e héritier du trône de Damaris, gouverneur de
Damaris et Lion des Hautes Terres.
Début du message : A l’adresse
de tous vaisseaux impériaux ou libres marchand à portée. En qualité de
loyal sujet de sa très Sainte Majesté l’Empereur-Dieu de l’Humanité,
moi, le gouverneur Kapak, requiert assistance et soutien de tout les
sujets loyaux à l’empereur face à la menace xéno que constitue les orks.
Damaris
se prépare à résister à une invasion imminente par les immondes
peau-vertes qui s’amassent en dehors du système. Nous demandons
assistance sous toutes les formes possibles : vaisseaux, ressources,
hommes, armes et expertise afin de nous permettre de défendre un des
mondes de l’Empereur contre les déprédations de cette horde impure.
Dans
sa grande prévoyance magnanime, le gouverneur Kapak promet de
récompenser toute aide par les richesses de sa planète. Sachez que
Damaris est une planète riche et saura récompenser ses alliés avec
générosité. Fin du message. »
Dans le WarpSection 5
Sur la passerelle du Megbizka (http://grooveshark.com/s/Smoke+N+Oakum/4LWWNe?src=5)
*Le mémo du sénéchal Ohlrik ne se fit pas attendre, comme à l'accoutumé :*
Note adressée au Seigneur Varsil Vorosmarty, après réception du message de détresse
Note KC00D12T13C14 - correctif 1.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------
En
qualité de Sénéchal et d'intendant, il est de mon devoir de rappeler
Monseigneur Vorosmarty que la participation du Megbizka à une
intervention militaire contre une force xénos de force inconnue se
heurte aux obstacles suivants :
1) Un vaisseau insuffisamment rapide et maniable pour participer à un combat spatial dans des conditions optimales.
2) Un blindage inférieur à celui que devrait posséder un croiseur (ou un équivalent xénos) pour un tel engagement.
3) Un arsenal xénos dont nous connaissons mal les effets et pour lequel l'équipage est insuffisamment formé.
4)
La récupération d'unités mécanisées (blindés) ne nous garantit pas un
avantage dans un affrontement terrestre, attendu qu'aucun équipage n'a
été formé à l'utilisation, ni même à la maintenance de ces engins.
5) Une connaissance insuffisante des ressources et des méthodes de combat de l'ennemi gobelinoïde.
J'en arrive donc aux recommandations suivantes :
1) Renoncer à une intervention à court terme, peu/pas profitable commercialement, ou
2) Préparer une intervention conjointe faisant appel à des forces locales connues et disponibles.
3)
Dans tous les cas, planifier un entrainement accéléré des équipages au
nouvel arsenal xénos, et une formation complète à des équipages
nouvellement désignés pour l'emploi de l'arme blindée.
4) Dans tous
les cas, mettre en place une commission d'étude et de collecte des
informations d'archives sur les invasions gobelinoïdes du secteur
concerné.
Ces recommandations feront l'objet d'un exposé aux membres du Conseil du Megbizka à la prochaine session plénière.
Colonel Tarjan Ohlrik
Sénéchal du Megbizka
A l'attention du Seigneur Varsil Vorosmarty.
De l'état de préparation de nos forces terrestres.
Selon
vos ordres, et suite à la réunion du conseil du mois dernier, j'ai
plannifié un programme complet d'entrainement et de formation :
- Equipages et réservistes aptes à la maitrise d'un char de type Leman Russ Mk2 (conduite, armements polyvalents, transmission),
- Personnel d'entretien et armuriers pour la maintenance de la mécaniques et des armements des blindés.
- Organisation des forces en 2 compagnies :
o Compagnie 1 - le Poing de l'Empereur : 10 chars LR Mk2 répartis en 3 escadrons de 3 chars et un LR de Commandement.
o Compagnie 2 - la Griffe de l'Empereur : 10 Chimères réparties en 3 escadrons de 3 Chimères et une Chimère de Commandement.
-
Accélération du programme d'entrainement de nos unités d'infanterie :
100 hommes regroupés en 1 compagnie (Furor Imperialis), soit 8 pelotons
d'infanterie, un peloton d'intendance et une escouade de commandement .
Je me charge personnellement de superviser la préparations de ces forces terrestres.
Pour l'Empereur !
leman russ blueprint by nocturne41 http://www.deviantart.com/art/leman-russ-blueprint-100751539Section 6
Que faire, s’interrogea le seigneur-capitaine, pardon, le seigneur-commodore Varzil.
*
Nos soutes sont chargées de riches cargaisons et nous n’avons pas encore fait la jonction avec l’Eurus
,
comme il était prévu après son tour de prospection commerciale. Il
serait très risqué commercialement de se lancer dans une opération
militaire dans ces conditions.
Mais il s’agit peut-être là d’une
opportunité pour obtenir des concessions sur Damaris, si elle est
réellement si riche que son gouverneur le prétend…
Déjà, nous allons
relayer ce message d’assistance, signaler réception à Damaris et tenter
de contacter d’autres navires qui feraient route vers cette planète. Il
faut aussi prévenir l’Mais il s’agit peut-être là d’une
opportunité pour obtenir des concessions sur Damaris, si elle est
réellement si riche que son gouverneur le prétend…Déjà, nous allons
relayer ce message d’assistance, signaler réception à Damaris et tenter
de contacter d’autres navires qui feraient route vers cette planète. Il
faut aussi prévenir l’Eurus
et, idéalement, trouver un lieu pour faire relâche et mettre la cargaison en lieu sûr.*
-
Novice, voici les messages à transmettre à notre officier astropathique : …
---
Appuyant
sur un bouton de la console com’, Varzil informa son capitaine de la
nouvelle et lui demandant de préparer troupe, équipage et navire pour
une possible altercation avec les peaux-vertes dans les semaines à
venir.
-Prévenez aussi notre navigateur et le maître canonnier. Je veux en outre un rapport de l’Adeptus mecanicus sur l’armement xéno et son appropriation.---
*
Il faut aussi que j’organise avec Ohlrik des recherches dans le librarium sur ce que nous avons quant aux « ressources et méthodes de combat de l'ennemi gobelinoïde »,
comme il le dit.*
Pour une fois, ma présence à ce quart aura servi à quelque chose, marmonna Varzil.
Section 7
A bord du
Pendragon, système Inritae Spei
Deux heures plus tardLe
Seigneur-Capitaine Kennor faisait un gros effort pour rester impassible
et dissimuler sa déception. Il attarda une dernière fois son regard sur
les cartes du tarot de l'Empereur disposée devant l'astropathe Furieh.
Ses orbites vides et noires ne trahissaient aucune émotion. Le reste de
l'état-major du
Pendragon
détournait le regard, attendant que le capitaine prenne la parole. Le
second Keese dissimulait à la perfection la moue sardonique qui lui
venait à la bouche; ce n'était toutefois un secret pour personne dans la
pièce qu'elle n'accordait aucun crédit à ce processus de décision.
La
tentative de divination n'avait révélé que des incertitudes. Aleksander
Kennor se demanda une fois de plus s'il avait bien fait de laisser
certains membres de son état-major, parmi les plus compétents, à bord du
Lumen. Certes le vaisseau
fraîchement acquis avait besoin d'être géré au mieux, le temps que son
équipage de bleusailles prenne ses marques, mais le capitaine du
Pendragon avait bien besoin des visions prophétiques de l'astropathe Shannon.
-Ce sera tout. Vous pouvez disposer.
Les
Orks. Une flotte complète peut-être. La situation était désagréablement
familière. Mais au fond, la décision était déjà prise.
Une heure plus tard-Capitaine,
annonça l'enseigne, le technoprêtre Cogus est rentré avec quelques
objets récupérés dans l'épave qu'il souhaite examiner plus longuement.
Il n'est toutefois "optimiste qu'à 14%" sur la possibilité qu'ils aient
une valeur quelconque.
-Très bien. Tout le monde est rentré?
-Affirmatif capitaine.
Du
haut du trône de commandement, le capitaine Kennor contempla la
passerelle du vaisseau au repos, et commença à donner ses ordres.
-En
avant toute. Dès que nous aurons pris du champ par rapport à l'épave,
nous virerons vers l'extérieur du système. Navigateur, préparation d'une
route pour le système Damaris. Astropathe, transmettez notre
destination à Svard et au
Lumen.
Le
Pendragon s'ébranla pesamment et tourna le dos à la lointaine lueur de la géante bleue qui trônait au centre du système.
Section 8
De retour dans sa cabine, après avoir transmis au planton une note
adressée à son Seigneur Varzil, le Sénéchal Ohlrik sortit d'une étagère
un ouvrage relié de cuir, daté et numéroté. S'asseyant à son bureau il
souffla sur le volume, soulevant un nuage de poussière, l'ouvrit et
commença à le feuilleter.
Les mémoires manuscrites du "Colonel"
représentaient une somme de connaissances militaires amassées au cours
d'une carrière courte mais bien remplie. S'y trouvaient recensées des
procédures proposées par l'officier de renseignement qu'il était à
l'époque, conernant l'adaptation des forces planétaires en fonction de
l'ennemi combattu. Chronologiquement et méthodiquement, Ohlrik avait
recensé les données sur les forces en présence de nombreuses batailles
sur les mondes ou il avait été affecté, les ressources engagées, les
stratégies employées par les Maitres de Guerre.
L'ouvrage
contenait aussi des informations, collectées par ses agents et lui-même,
parfois au péril de leur vie, sur "l'Envahisseur Xénos" :
particularités anthropologiques, us et coutumes, tactiques de combat,
gestion du moral, armement et soutien.
La main prothétique
d'Ohlrik glissa sur le papier jauni jusqu'à la représentation crayonnée
d'un gobelinoïde de grande taille, représenté à l'échelle à côté d'un de
ses congénères moins imposant. L'immense Ork n'était assurément pas un
chef, malgré sa carrure démesurée : pas d'armes de tir, pas de hache ni
de pince articulée, mais seulement ce grand baton tordu, orné d'une
grossière tête de sanglier métallique rouillée. Ses hardes étaient
couvertes de symboles cabalistiques obscurs. Et ses yeux... ses yeux
rouges s'animaient d'un éclat sombre, jamais vu jusqu'alors.
Ohlrik
se souvint alors de la douleur qu'il avait ressenti face à l'Autre à ce
moment précis, de sa tête prête à éclater alors que ses proches
serviteurs étaient restés concentrés sur leurs lunettes d'observation...
Il n'avait rien dit alors. L'officier médecin l'avait soigné pour une
banale céphalée imputable aux armes chimiques employées les jours
précédents.
Informer le Seigneur Varzil, assurément, il le fallait.
Mais avait-il besoin de TOUTES ces informations ?
Le Colonel Ohlrik se lança alors dans une synthèse des données en sa possession, sans rentrer dans les détails...
Section 9
Cela faisait plus d'une heure que le sénéchal Ohlrik conduisait son exposé sur la menace orkoïde devant le conseil du
Megbizka.
La salle de commandement était encombrée de grimoires, de cartes,
d'artefact xénos et de projection holographiques que le sénéchal
utilisait pour illustrer ses propos.
"... Et donc, expliquait-il,
un guerrier ork mature conserve 83% de sa combativité lorsqu'il perd un
de ses membres. Suivez mon conseil et visez la tête pour l'abattre pour
de bon."
Le sénéchal se retourna alors vers une grande carte des
étendues de Koronus et poursuivit: "Passons désormais aux
considérations stratégiques. Vous devez avoir bien conscience que les
orks ne vivent que pour le conflit. Ceci est vrai à l'échelle de
l'individu mais aussi pour l'ensemble de ce qui leur sert de société.
S'il y a bien des orks à Damaris ils viennent pour se battre. Nous
n'avons malheureusement pas d'informations détaillées et récentes sur
Damaris dans les annales du vaisseau mais cette planète est connue pour
avoir été colonisée il y a prêt de cinq siècles et être une des planètes
les plus développées de toutes les étendues de Koronus. Je suis certain
que la colonie ne serait pas en grand danger s'il ne s'agissait que
d'une incursion limitée de pillards orks et elle n'aurait donc pas
envoyé un message d'urgence. Donc j'en déduis que la menace peaux-verte
doit être de grande envergure et à mon sens il ne peut y avoir qu'une
raison à cela...
Vous devez savoir que les grands mouvements
d'orks obéissent à une logique assez simple. Les orks cherchent
instinctivement à se rassembler en grand nombre et se battent entre eux
jusqu'à ce qu'un chef de guerre émerge du chaos et conduise les orks
dans une sorte de parodie d'une sainte croisade. Les rumeurs prétendent
qu'au cœur des étendues de Koronus, dans les domaines maudits au delà de
Cinerus Maleficum, une grande horde d'orks se rassemble. Je suis
convaincu que cette menace qui plane sur Damaris est soit une force
d'ork qui fait route vers le rassemblement soit une sorte d'avant garde
qui en vient.
Ces grandes invasions orks sont rares car les orks
mettent longtemps à atteindre leur masse critique mais elles ne sont pas
à prendre à la légère. Il est facile de sous estimer des xénos qui
paraissent si frustres et peu sophistiqués. Mais leur potentiel guerrier
est considérable. La dernière a avoir eu lieu dans les étendues de
Koronus était en l'an 422 du 41e millénaire. Les orks avaient surgi
jusqu'à travers la Gueule et dans le secteur Calixis et ils ont assiégé
Port l'Errance pendant des années avant d'être défaits. Je pense
cependant que nous assistons ici à une attaque de bien moindre envergure
car sinon nous aurions reçu d'autres rapports de rencontre massive avec
des orks.
J'ai bien conscience que je ne peux qu'esquisser un
spectre assez large du danger qui pèse sur Damaris, mais une chose est
certaine. Si nous y allons, la prudence s'impose. Il est quasiment
certain que nous ne pourrons pas agir juste avec nos propres moyens sans
courir de grands risques et qu'il faudra peser soigneusement nos
décisions en fonction de l'équilibre des forces en présence. Après tout
il est peu probable que nous soyons les seuls à avoir reçu l'appel à
assistance du gouverneur local."
Section 10
Pendant ce temps, dans une des cellules de la spire de télépathie astrale du
Megbizka,
l'astropathe novice Lilandra, accroupie sur son lit, portait sur une
tablette de données une synthèse des récentes communications reçues.
Les
dix dernières heures avaient été éprouvante. Servir dans une spire de
communication astropathique n'avait rien d'une sinécure en particulier
lorsque le vaisseau qui la portait était plongé dans l'immaterium. Et
pour ne rien arranger, pendant que les astropathes du
Megbizka
ouvraient leurs esprits aux étoiles pour envoyer et recevoir des
messages, l'activité furieuse du Fléau de l'Empereur-Dieu faisait un
bruit de fond que l'on pouvait plus adéquatement décrire comme les
hurlements frénétiques d'une créature démente.
Lilandra pouvait
encore entendre résonner dans sa tête ce fracas d'outre monde,
accompagné d'une douleur lancinante. Mais une dernière tâche attendait
la novice avant de pouvoir goûte à un repos bien mérité: L'archivage des
messages de la session.
Les points marquant étaient un message de l'
Eurus
indiquant qu'il estimait pouvoir rejoindre Damaris en trois semaines de
voyage s'il en recevait l'ordre ainsi qu'un autre venant d'un vaisseau
libre marchand nommé le
Fatum Ordinatus
qui se portait déjà à l'assistance de Damaris. Et bien entendu le plus
important: Un message astropathique venant de Damaris même dans lequel
le gouverneur remerciait profusément le seigneur Vörösmarty d'avoir
entendu sa requête et insistait sur l'urgence de l'assistance dont il
avait besoin car les xénos étaient censés se masser dans le système
035-1D4-3Y et leur prochaine destination ne faisait aucun doute aux yeux
du gouverneur: Damaris.
Et c'est ainsi que, séparés par des années lumières et motivés par des raisons différentes, le
Megbizka et le
Pendragon mirent cependant tout deux le cap sur Damaris et sur leur destin.
La suite dans le chapitre 1.